- Serial Riders -
- Guides -
- Guides Hiver -
- Recommandations pour les stations de ski -
- Meilleures stations de ski pour les skieurs intermédiaires -
- Cyclisme au Col du Parpaillon
L’itinéraire alpin perdu dans la Vallée de l’Ubaye
En partant de Briançon vers le sud, vous entrez dans la Vallée de l’Ubaye par le célèbre col de Vars (2109 m), qui est aujourd’hui une étape classique du Tour de France. Cependant, plus loin sur la crête de la montagne se trouve un col plus ancien et beaucoup plus haut créé par les militaires : la route du Parpaillon. Abandonnée depuis longtemps, l’ancienne trace (qui comprend un tunnel lointain et mystérieux) escaladait le Massif du Parpaillon, sauvage et accidenté, et figure toujours sur les cartes à grande échelle. Je me suis demandé s’il était encore possible de franchir le col et la route du Parpaillon d’un bout à l’autre à vélo. L’essayer en VTT me semblait être la solution idéale pour le savoir. Les responsables du tourisme local estiment cependant que les délais sont limités : « Le problème, c’est le tunnel ; la plupart du temps, il est gelé par la glace et la neige. Mais après la mi-juin, il devrait être ouvert jusqu’à ce que la neige revienne ?
La route du Parpaillon, qui était autrefois une voie essentielle pour le ravitaillement militaire, a été abandonnée au profit du col de Vars, plus bas, qui pouvait rester ouvert en hiver. Aujourd’hui, l’ancienne route est appréciée des randonneurs et des cyclistes et offre de magnifiques paysages de montagne.
Retour à la Vallée de l’Ubaye
Après des mois de randonnées d’entraînement de plus en plus longues, je me retrouve en Ubaye, louant un vélo à suspension intégrale convaincant et me sentant très mal à l’aise face à ce qui m’attend (et me surplombe). La route du Parpaillon desservait à l’origine le Fort de Tournoux, un vaste complexe militaire défendant l’extrémité orientale de la vallée depuis le village de La Condamine-Châtelard. À partir de là, une route goudronnée grimpe à travers une série de virages en épingle à cheveux difficiles jusqu’à plus de 1800 mètres d’altitude, en passant par la station de ski familiale de Sainte-Anne. Ne sachant pas ce qui m’attend, je décide de parcourir ce tronçon de 6 km, épuisant mais à peine découvert, jusqu’à ce que l’asphalte se termine à côté de la minuscule chapelle Sainte-Anne, où il est temps de passer aux deux roues.
L’ancienne route commence par un chemin de gravier parmi de luxuriantes prairies de fleurs sauvages, mais pénètre bientôt dans une forêt dense et sonore et grimpe régulièrement sur le flanc d’une vallée profonde et sinueuse. Après quelques minutes de lutte acharnée sur le chemin forestier, j’arrive au Pont du Bérard, un endroit idyllique où une pierre inscrite à côté d’une cascade escarpée indique, entre autres, l’altitude (actuellement 1841 m) et la distance qui nous sépare du tunnel : 9km 995m.
Début de la Route du Parpaillon
La progression devient plus lente et le pouls plus rapide dans une montée en épingle à cheveux à travers la couverture d’arbres, d’où j’émerge finalement pour faire face à une cabane joyeuse équipée d’un groupe électrogène qui ronronne doucement. Contrairement au petit groupe de randonneurs qui suivent le sentier GR 6, je résiste aux tentations de la Buvette Grill le Petit Clausis et préfère franchir un pont en pierre et en bois qui enjambe le ruisseau du Parpaillon, qui doit absorber beaucoup d’eau de fonte au printemps mais qui, en été, n’est guère plus qu’un petit ruisseau. À partir d’ici, les choses s’ouvrent vraiment, la piste rudimentaire suit les contours des flancs abrupts de la vallée et passe devant la Cabane du Grand Parpaillon (2031 m), la seule construction humaine évidente. Les couleurs de ce paysage lointain sont presque surréalistes, avec des zones de schiste morne et décoloré qui laissent apparaître l’herbe qui s’efforce de prospérer sous le soleil brûlant suspendu dans un ciel bleu profond.
La montée incessante et régulière rend la progression douloureusement lente, la combinaison du soleil brûlant et de l’altitude élevée augmentant l’effort requis. Le paysage, cependant, devient de plus en plus étonnant, avec peu d’indices évidents de l’importance passée de la route jusqu’à ce que je roule sur un court tronçon recouvert de pierres alignées de façon complexe. Il est difficile d’imaginer que l’ensemble de la route ait été construit avec autant de soin, ou qu’il s’agisse des seules sections qui aient survécu. Pour l’instant, le mystère reste entier.
Pas de répit
Plus haut encore, la piste devient plus tortueuse, se resserrant finalement en une montée en épingle à cheveux apparemment sans fin, traversant et retraversant sans cesse un profond ravin creusé par des torrents d’eau de pluie et de fonte tombant en cascade jusqu’au fond de la vallée, bien plus bas. Chaque passage est enjambé par un pont de bois dont la structure semble plus fragile que la précédente, avec des trous béants entre les poutres affaissées et usées par le temps. Il n’y a aucun moyen de connaître leur âge, mais rien n’est facile à vivre dans ces conditions exposées. La piste atteint bientôt une section de débris rocheux instables qui ont manifestement glissé le long du flanc de la montagne et semblent prêts à continuer.
Enfin, le tunnel apparaît
Je poursuis néanmoins mon chemin et finis par franchir ce qui s’avère être le dernier virage de l’ascension. Au loin, je reconnais ce qui doit être le légendaire tunnel du Parpaillon, mais qui semble bien insignifiant dans l’immensité du paysage environnant. Mais la vue m’inspire un dernier sursaut d’énergie, salué par les applaudissements nourris d’un grand groupe de randonneurs italiens qui font une pause pique-nique. Après l’effort de l’ascension, je descends heureusement de ma monture et commence à admirer l’incroyable paysage qui m’entoure. Sur la maçonnerie entourant l’entrée du tunnel sont inscrits ses constructeurs (le Génie) et l’altitude : 2643m (presque 9000ft). Cela en fait pratiquement le plus haut tunnel routier d’Europe. L’endroit est à la fois exaltant et désolant par son éloignement, avec peu de verdure capable de survivre sur le terrain austère et visiblement instable entre le tunnel et le col du Parpaillon qui se dresse au-dessus de lui. Il n’est pas surprenant qu’il se soit avéré impossible de garder le col ouvert (et de maintenir la viabilité de la route) pendant l’hiver. Le tunnel a donc été percé dans la roche à environ 60 mètres sous la crête et a été inauguré en 1901.
Pas de retour en arrière
Après des années de semi-abandon, franchir une paire d’énormes portes en acier pour pénétrer dans l’entrée est littéralement une expérience glaçante. Quelques mètres plus loin, c’est l’obscurité totale et, en écho, le bruit sinistre de l’eau qui s’écoule entre les pierres du toit du tunnel non recouvert. En d’autres termes, c’est aussi peu accueillant que ce à quoi on m’avait dit de m’attendre. Mais je suis déterminé à ne pas faire demi-tour et, sous un soleil de plomb, j’enfile une polaire thermique tirée de mon sac à dos, ainsi que ce qui est décrit comme une lampe frontale LED à longue portée, puis je remonte sur le vélo. Une profonde inspiration plus tard, je sélectionne un petit rapport de vitesse, m’accroche et m’élance dans le tunnel à un rythme régulier, en espérant continuer à avancer à travers les profondes mares d’eau que je peux déjà apercevoir et pour aider à la stabilité si et quand j’atteindrai la couche de glace attendue.
Facteur de refroidissement
Comme prévu, le froid à l’intérieur est glacial et l’obscurité devient vite totale, car le tunnel n’a pas été percé en ligne droite, mais s’incurve sur ses 468 mètres de long. Il est donc impossible de voir la sortie tant que l’on n’est pas à l’intérieur. Je me concentre sur ce point tout en essayant de ne pas penser à ce qui pourrait se trouver dans l’obscurité au-dessus de moi. En peu de temps, je me heurte aussi à la glace, mais je parviens à continuer à avancer.
Lorsque je retrouve enfin la chaleur du soleil, j’éprouve un réel sentiment d’exaltation et d’accomplissement personnel. Un jeune cycliste italien et sa petite amie, l’air dubitatif, me demandent s’il est prudent de passer, mais décident de ne pas le faire lorsque je mentionne le froid glacial. Pour moi, cependant, tout cela est derrière moi et je me concentre plutôt sur la beauté des paysages très différents qui se déploient maintenant devant moi.
Tout est en baisse à partir d’ici
À partir de là, tout est en descente, sur une piste caillouteuse et non goudronnée qui serpente entre les alpages remplis de fleurs sauvages des Alpes. Les choses sont beaucoup plus douces de ce côté de la montagne, sans le sentiment d’abandon presque désolant que j’avais perçu lors de la longue et pénible ascension. C’est une image de montagne de carte postale, qui ajoute une toute nouvelle dimension à ce qui s’est avéré être, comme je l’avais toujours soupçonné, un voyage épique. Finalement, après avoir traversé un ruisseau au débit rapide et franchi quelques cabanes en pierre et croix de bois, je retrouve la limite des arbres, sous la forme d’une forêt de conifères silencieuse abritée par les montagnes environnantes. Quelques minutes plus tard, le gravier fait place de façon inattendue à l’asphalte avant qu’une piste rocailleuse et escarpée ne bifurque, indiquant Crévoux. Je continue à descendre plus calmement pour traverser le torrent de Crévoux et déboucher dans une large vallée au-dessus du hameau de La Chalp, à l’allure austère et authentique.
Le voyage est presque terminé, à l’exception d’une dernière descente le long d’un ruisseau à côté de la Vallée de la Durance. Dans le village de Crévoux, une plaque peinte, usée par le temps, rappelle l’achèvement en 1891 d’un tronçon important de la route militaire du Parpaillon par le 6e Groupe Alpin. Leur grande aventure a permis d’entreprendre la mienne.
Le défi
La Route du Parpaillon est exigeante pour le cycliste et son équipement (en particulier par temps chaud). Assurez-vous que votre condition physique est à la hauteur du défi ou soyez prêt à descendre et à marcher avec le vélo sur les tronçons les plus escarpés.
Les guides cyclistes locaux indiquent que la route du Parpaillon peut être parcourue en une journée aller-retour, ce qui est pour le moins optimiste. Pour votre première visite, nous vous suggérons de demander à un membre de votre groupe de contourner le lac Serre Ponçon en direction de Crevoux et d’attendre votre arrivée.